Avoir un animal de compagnie est souvent perçu comme une source de bonheur et de réconfort émotionnel. Pendant la pandémie de COVID-19, ce sentiment s’est amplifié, incitant de nombreuses personnes à adopter des animaux dans l’espoir d’améliorer leur santé mentale. Pourtant, une étude récente menée par l’Université d’Aarhus et le King’s College de Londres, publiée dans Mental Health & Prevention, remet en question cette idée largement acceptée. Les résultats révèlent une relation plus complexe entre la possession d’un animal et la santé mentale, soulignant l’importance d’adopter une perspective plus réaliste.
Une croyance populaire mise à mal
L’étude a suivi 6 018 participants sur une période de 12 mois, en évaluant leur niveau d’anxiété, de dépression, d’anhédonie (perte de plaisir) et de solitude. Contre toute attente, les chercheurs n’ont trouvé aucune amélioration significative de la santé mentale chez les propriétaires d’animaux par rapport aux non-propriétaires.
Fait surprenant, certains propriétaires d’animaux ont même signalé une santé mentale plus fragile, avec des niveaux élevés d’anxiété et de dépression, notamment pendant la pandémie. Ces résultats remettent en question l’idée répandue selon laquelle la présence d’un animal de compagnie aurait un impact automatique et positif sur le bien-être mental.
Les propriétaires de chiens et l’activité physique : un bénéfice limité
Un autre stéréotype courant est que les propriétaires de chiens bénéficient de promenades régulières, ce qui améliore à la fois leur forme physique et leur santé mentale. L’étude a effectivement constaté que les propriétaires de chiens étaient plus actifs physiquement : 40 % d’entre eux faisaient de l’exercice quotidiennement contre 35 % des non-propriétaires.
Cependant, cette activité physique accrue ne s’est pas traduite par des résultats significativement meilleurs en matière de santé mentale. Cela démontre que l’amélioration du bien-être émotionnel ne repose pas uniquement sur l’exercice ou la possession d’un animal.
Les clichés autour des « femmes à chats » et la solitude
La culture populaire tend à dépeindre les propriétaires de chats, en particulier les femmes seules, comme des personnes solitaires et anxieuses. L’étude s’est intéressée à ce stéréotype et a découvert un léger effet positif des animaux de compagnie sur la solitude, mais uniquement pour les personnes vivant seules.
Les participants célibataires ayant un chien ou un chat se sentaient légèrement moins seuls que ceux sans animaux. Cependant, cet effet restait marginal et ne concernait pas les personnes vivant avec un conjoint, une famille ou des colocataires. Cela souligne que, bien que les animaux puissent offrir une certaine forme de réconfort, ils ne remplacent pas les interactions humaines.
Ne pas surcharger les animaux d’attentes irréalistes
L’une des principales leçons de cette étude est l’importance de ne pas attribuer aux animaux de compagnie un rôle qu’ils ne peuvent remplir. Les médias ont souvent tendance à idéaliser la relation entre les animaux et la santé mentale, créant des attentes irréalistes pour les futurs propriétaires.
Les chercheurs mettent en garde contre l’idée que les animaux peuvent remplacer des traitements professionnels comme la thérapie ou les médicaments. Bien que leur présence soit réconfortante, elle ne constitue pas une solution pour traiter des troubles mentaux complexes.
Des compagnons, pas des thérapeutes
Les animaux de compagnie apportent une compagnie précieuse et de nombreux moments de bonheur, mais ils ne peuvent pas être considérés comme des « guérisseurs » des problèmes émotionnels. Cette perception erronée peut conduire à des frustrations, tant pour les propriétaires que pour leurs animaux, et peut même affaiblir le lien entre eux.
Adopter une vision équilibrée
Si vous envisagez d’adopter un animal dans l’espoir d’améliorer votre santé mentale, il est essentiel de prendre en compte les responsabilités qui accompagnent cette décision. S’occuper d’un animal demande du temps, de l’énergie et des ressources. Adopter un animal ne devrait jamais être motivé uniquement par des attentes liées à un potentiel impact sur la santé mentale.
Au lieu de cela, les propriétaires devraient cultiver une relation authentique et mutuellement enrichissante avec leurs animaux, tout en recherchant un soutien professionnel approprié pour leurs besoins psychologiques. Comprendre les limites de ce que les animaux peuvent apporter peut renforcer les liens avec eux et éviter les déceptions.
Conclusion
La relation entre les animaux de compagnie et la santé mentale est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Bien que les animaux puissent offrir amour et réconfort, leurs effets sur la santé mentale ne sont pas aussi miraculeux qu’on le prétend souvent.
L’étude menée par l’Université d’Aarhus et le King’s College de Londres nous rappelle que les animaux de compagnie ne doivent pas être considérés comme une alternative aux soins professionnels. En adoptant une vision équilibrée, les propriétaires peuvent profiter pleinement des joies qu’apportent leurs compagnons tout en s’assurant de répondre à leurs propres besoins de manière appropriée.